De l’annus horribilis à l’annus mirabilis

Publié le par Spartacus

L’acmé de la crise, la sortie de crise.

 

Bien chers frères, je voudrais m’exprimer non en tant que Suprême Commandeur d’Honneur  du Grand Chapitre Français, cette juridiction ne s’immisce pas dans les affaires internes de notre Obédience, mais comme simple Frère, membre depuis de nombreuses années de la Grande Loge Nationale Française. Année horribilis. Nous avons vécu cette année des heures horribles, où nous avons vu, dans le pays des Droits de l’Homme, dans l’Association issue des Lumières,  des Frères que nous aimons, que nous respectons, sanctionnés pour un crime majeur au yeux de certains qui s’imaginaient puissants, le délit d’opinion. 

Dans un Ordre comme le nôtre, à l’inverse de ce que l’on voit dans le monde profane, la diversité des opinions est une richesse, et la Liberté de pensée, la liberté de s’exprimer le ciment et la cohésion de notre système. Pour citer le Rite Français, c’est la Mixion qui a formé l’Humanité.

 

Les formes du vote de l’Assemblée pluri localisée du 16 octobre sont contestables et contestés. Les tribunaux civils de la république trancheront ce qui n’a pas été préalablement négocié, et élaboré en commun. Les écarts de voix sont insuffisants pour permettre à une des parties de s’estimer le vainqueur sur l’autre. Heureusement. nous sommes une Association fraternelle et initiatique. La défaite d’un camp, et ce sont des Frères qui sont humiliés. Nous ne sommes pas un parti politique, nous ne sommes pas animés par le rapport de force, nous sommes une société conviviale, fondée sur la tolérance et les échanges de point de vue. Nous avons ici beaucoup à apprendre de nos Frères Africains, qui sont persuadés, et je souscrit à cette idée, qu’ils sont, par leur approche de l’humanité, une ressource incontournable malgré la pauvreté de leur continent. Apprenons dans nos diversités, grâce à elle à bâtir ensemble. Ma vraie richesse, c’est de Maçonner avec vous, mes Frères.

 

Résultat  formel du vote 50/50, de nombreux vices de formes, des précédés inqualifiables utilisés dans certaines Provinces pour « montrer aux Frères comment on doit voter ». Pour moi, la sincérité du vote n’est pas acquise et il faut s’attendre à ce que nous ayons une nouvelle Assemblée Générale. Rendez-vous donc le 2 novembre pour la plaidoirie, fin novembre pour le jugement.

 

Réconcilier et rassembler pour refonder.

 

« -Etes-vous maçon ? »

« -Mes Frères me reconnaissent comme tel »

 

Dans tous les camps, « Rebelles » ou « Légitimistes » nous avons vu des Frères engagés, honnêtes, dévoués à leur cause. Opposés, pas d’accord, qu’importe, ce sont des Frères. Nous allons pouvoir nous retrouver. J’en suis sûr et nous pourrons bientôt encadrer les magnifiques diplômes de suspension, exclusion, radiation, qui seront autant de souvenirs d’une période pénible à ne pas renouveler. Nous avons aussi rencontré une nature de Sauvages qui jusque là avaient réussi à s’infiltrer sur nos colonnes, et hélas souvent à l’Orient. L’avantage des crises, c’est que les caractères se révèlent, et ils se sont démasqués. Comme beaucoup de mes Frères, je souhaite leur départ. Ils ne partagent pas les mêmes valeurs que les nôtres.

 

La Franc-Maçonnerie a été le socle de la démocratie dans de nombreux pays. On ne peut galvauder à ce point les règles et les fondements d’une association. On ne peut faire semblant de recueillir l’avis des frères. On ne peut jouer avec les Règles du scrutin en radiant des listes électorales les opposants et en nommant des fidèles à la dernière minute. La France, berceau de la révolution démocratique ne peut donner ce modèle aux autre Nations, et surtout pas en Franc-Maçonnerie. Il est plus difficile d’exercer le pouvoir que de le conquérir, plus difficile de quitter le pouvoir que de s’y cramponner. C’est un honneur de laisser sa place pour un nouveau chef de l’Ordre, une dynamique différente de celle que l’on a imprimé. C’est le sens de la Transmission et le sens de la Vie. Gloire au nouveau, Honneur aux anciens, et chacun à sa place. Ne pas le comprendre, c’est prendre le risque d’être éjecté par un moyen comme par autre, mais de façon ignominieuse.

 

Pour ce qui est de la refondation, plus que d’un vote bloqué sans discussion, il faut organiser une vaste concertation et tenir compte de l’avis des Frères. Les modalités électives doivent remplacer les nominations au Souverain Grand Comité, dans les Provinces. Les Vénérables doivent être assis dans l’autorité temporaire que leur donne la Loge et leurs Frères. La Maçonnerie doit être un exemple de rassemblement de ce qui épars, un centre d’union, un lieu de partage fraternel pour ceux qui naturellement s’opposeraient ou pire  seraient indifférents. Vous n’êtes pas d’accord avec moi, qu’importe, je me battrai pour que vous vous exprimiez disait notre Frère Voltaire.

 

L’année n’est pas finie. « L’annus horribilis » doit être celle de la refondation, une chance à saisir, pour en faire « l’annus mirabilis ».

 

Je crois au miracle de la Fraternité.

 

Philippe Thomas   

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