Monsieur le Député Grand-Maître, Très Respectable Frère,

Publié le par Spartacus

J’ai l’honneur de vous solliciter en votre qualité de Président du Conseil de Discipline, dans le cadre du dépôt d’une plainte maçonnique contre le Très Respectable Frère François STIFANI, Grand Maître en exercice de la Grande Loge Nationale Française.

Cette saisine directe n’est pas organisée par les Constitutions de l’Ordre édition 2009, dont l’article 6.4.8 « Le Grand Porte Glaive » stipule :

« Le Grand Porte Glaive est chargé, sur saisine exclusive du Grand Maître, d’instruire les contestations et litiges de toute nature, après vérification préalable par ses soins de la régularité des actions engagées. »

Pour autant, les Statuts et Règlement Intérieur de la Grande Loge Nationale Française édition 2009 précisent en leur article 16.1 « Principes » :

« Tout membre de la Grande Loge Nationale Française dont le comportement serait contraire à l’éthique maçonnique s’expose à des mesures de suspension à titre conservatoire et/ou disciplinaire. Il en serait ainsi notamment de tout manquement à l'honneur, à la délicatesse, à la probité ou à la dignité, ou trouble caractérisé au sein ou à l’extérieur de l'Association ou de nature à compromettre le fonctionnement harmonieux de l'Association ou à nuire à son image, ou de tout manquement au respect des Statuts et du Règlement Intérieur de la Grande Loge Nationale Française, ainsi que de toute violation des serments et de tous agissements pouvant porter atteinte à la dignité de l’Association et de ses membres. »

La mention « Tout membre de la Grande Loge Nationale Française » est particulièrement explicite, et n’organise aucune exception, fût-elle celle de la personne du Grand-Maître dans son champ d’application.

De la même façon, la précision « dont le comportement serait contraire à l’éthique maçonnique » introduit la notion juridique de bénéfice du doute, qui ne saurait, en parfaite application du droit, être levée qu’à l’issue d’une procédure contradictoire.

Par ailleurs, cet article de principe revêt une portée juridique supérieure à l’article 6.4.8 précité, qui n’a comme objectif que l’organisation matérielle de la procédure disciplinaire. Le silence des Statuts sur la mise en oeuvre d’une procédure disciplinaire à l’encontre du Grand Maître ne vaut pas en l’occurrence exemption.

Il serait de surcroît particulièrement inéquitable que le Grand Maître, à raison même de sa fonction, puisse s’affranchir des obligations et dispositions des Statuts qu’il a pour mission de protéger et de faire respecter.


 

Il serait enfin inenvisageable que le Grand Maître saisisse le Grand Porte Glaive d’une plainte le concernant directement, au principe constant du droit selon lequel nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.

Au vu de ces éléments, vous voudrez bien considérer la régularité de la plainte ci-dessous exposée, et en votre qualité de Président du Conseil de Discipline, y donner la suite qui lui revient.

Le Préambule des Statuts et Règlement Intérieur de la Grande Loge Nationale Française édition 2009 dispose :

« Les membres ne doivent sous aucun prétexte dévoiler la qualité de Franc-maçon d’un autre membre sous peine d’exclusion, chacun restant libre toutefois de faire état de sa propre qualité de Franc-maçon. »

Par ailleurs, les Principaux fondamentaux figurant en frontispice des Constitutions de l’Ordre de la Grande Loge Nationale Française précitées, et plus particulièrement la Constitution promulguée le 4 novembre 1915, précisent :

« … à se souvenir qu’un Franc-maçon doit sans cesse aider et protéger ses Frères, même au péril de sa vie ; à conserver envers et contre tout le calme, la réflexion, en un mot, la complète maîtrise de soi, quelles que soient les circonstances de son existence et de son activité. »

Ces dispositions sont reprises au point n° 12 de la Règle en Douze Points :

« Les Francs-Maçons se doivent mutuellement, dans l'honneur, aide et protection fraternelles, même au péril de leur vie. Ils pratiquent l'art de conserver en toute circonstance le calme et l'équilibre indispensables à une parfaite maîtrise de soi. »

Au titre des obligations du Franc-maçon, ces mêmes Constitutions indiquent :

« Les Francs-maçons s'engagent solennellement et par serment à ne jamais révéler aucun des mystères de la Franc-maçonnerie, et de ne s'en entretenir qu'avec de bons et légitimes Maçons ou dans une Loge régulièrement constituée. Ils s'engagent à aimer leurs Frères, à les secourir et à leur venir en aide. »

et

« Aucun Frère ne doit transmettre, publier, diffuser ou propager en milieu maçonnique ou profane, par quelque moyen que ce soit, notamment presse, radio, télévision, internet et tous autres supports de communication actuels et futurs, tous propos ou documents de quelque


 

nature que ce soit, contraires à ses propres obligations vis-à-vis de l'Ordre ou de ses membres et susceptibles de porter atteinte à l’honneur de ses membres, à la dignité de l'Ordre ou contraires à ses principes. »

Il est avéré et de notoriété publique que le Très Respectable Frère François STIFANI, a, sur chacun des points précités, gravement manqué à ses obligations.

1- Au titre de la divulgation de la qualité de Franc-maçon et de l’atteinte à l’honneur

 

Lors d’un reportage diffusé le 22 mars 2009 sur la chaîne Canal +, le Très Respectable Frère François STIFANI tenait à l’égard d’un Membre de la GLNF des propos de cet ordre : « Celui-là, vu sa vêture, il fait partie de notre secte. »

Ce Frère était parfaitement identifiable. Son apparence aurait-elle été modifiée à la diffusion du reportage, la seule divulgation de sa qualité de Franc-maçon aux journalistes reste constitutive d’une faute majeure.

2- Au titre des révélations des mystères de la Franc-maçonnerie

 

Au cours du même reportage, des caméras ont été introduites dans un Temple, et des FF en décors ont été filmés pendant une partie de la Tenue, en contradiction flagrante avec toutes les obligations relatives au secret et à la discrétion maçonniques.

3- Au titre de la complète maîtrise de soi

 

Lors de deux évènements récents, réunion du Souverain Grand Comité du 4 décembre 2009 et Assemblée Générale du 25 mars 2010, il est patent que le Très Respectable Frère François STIFANI n’a pu conserver la complète maîtrise de soi qui sied à un Franc-maçon, comme en attestent les comptes-rendus sonores ou écrits de ces deux évènements. Il n’a en l’espèce pas su mettre en application le point n°3 de la Règle en Douze Points :

« La Franc-maçonnerie est un Ordre auquel ne peuvent appartenir que des hommes libres et respectables, qui s'engagent à mettre en pratique un idéal de Paix, d'Amour et de Fraternité. »

4- Au titre de l’aide et la protection de ses Frères

 

Par le biais d’une assignation devant les tribunaux civils d’une association exclusivement composée de membres de la Grande Loge Nationale Française, le Très Respectable Frère François STIFANI méconnait gravement son obligation d’assistance envers ses Frères, et


 

bafoue les principes fondateurs de la Franc-maçonnerie, exprimés dans la Constitution du 4 novembre 1915, et plus particulièrement la maxime « Aime ton prochain comme toi-même »

Il est ainsi largement démontré que, dans l’exercice de sa Grande Maîtrise, le Très Respectable Frère François STIFANI s’est, à de nombreuses reprises, affranchi de ses obligations de Franc-maçon, et d’une façon continue dispensé du respect du point n°11 de la Règle en Douze Points.

« Les Francs-Maçons contribuent, par l'exemple actif de leur comportement sage, viril et digne, au rayonnement de l'Ordre dans le respect du secret maçonnique. »

Ces comportements, inadmissibles de la part d’un simple Franc-maçon, ne sauraient être tolérés de la part du premier d’entre eux.

Aussi vous incombe-t-il de prendre acte de ces dérives et de mettre en oeuvre toutes les procédures prévues par nos Statuts et Constitutions, qu’elles soient de nature réglementaire, morale ou maçonnique pour qu’elles cessent dans les délais les plus brefs, pour le bien de la Grande Loge Nationale Française en particulier et de la Franc-maçonnerie en général.

Je reste confiant dans la justice maçonnique de notre Obédience, et vous prie de recevoir, Monsieur le Député Grand-Maître, Très Respectable Frère, l’expression de mes sentiments maçonniques les plus fraternels. 
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